Le plaisir dans l’action

Alors aujourd’hui nous allons parler du plaisir dans l’action professionnelle, j’entends déjà certains me dire « du plaisir dans le travail ? Impossible ! ».

Pourtant si je vous fais vous replonger dans une journée de travail, qu’est-ce qui fait qu’un jour la journée passe à une vitesse extraordinaire puis un autre jour, elle est terriblement longue ? Qu’est-ce qui fait que parfois je m’emballe, je me passionne, je produis ; puis d’autres jours, je végète, je procrastine, je délègue ? On voit bien que le temps n’est bien qu’une question de perception. Pour ne pas dire une illusion (mais c’est un autre débat). Alors qu’est-ce qui se cache derrière mon sentiment de ne pas compter mon temps, de ne pas regarder la montre quand j’exécute une tâche ? Ce qui se cache derrière, c’est le plaisir. C’est le plaisir que je peux associer à l’exécution même de cette tâche. Ce n’est absolument pas la nature même de la tâche. La preuve : je peux faire quelque chose d’extrêmement minutieux avec un bonheur et un plaisir que je ne boude pas. À l’inverse mon collègue s’étonnera que je puisse prendre autant de temps et de plaisir à faire quelque chose que lui considéra comme rébarbatif, fastidieux ou encore inutile.

Alors, qu’est ce qui fait que moi je prends du plaisir à exécuter une certaine tâche alors que mon collègue non ?

Et bien la réponse se situe bien dans la singularité de chaque individu. Au cœur de notre identité, au cœur de notre personnalité se niche un moteur d’action qui se déclenche sans intervention consciente de notre part. On appelle cela notre Mode Opératoire. Il représente une dimension cachée de notre identité. C’est un peu comme le mode de fonctionnement de notre cerveau. Il a été élaboré entre 0 et 16 ans, au moment où il est le plus malléable. C’est en somme le fruit de nos expériences passées, heureuses comme malheureuses, de notre personnalité, de nos talents et surtout des interactions que l’on a eues avec nos parents, frères, sœurs, enseignants et pairs.

Qu’est-ce qui fait que je ne m’en rends pas compte ?

Et bien avant tout parce que ce mode opératoire est une série d’automatismes inconscients qui nous permet d’avoir le bon geste au bon moment. Puis, il est niché dans ce qu’on appelle la mémoire procédurale. Et notre mémoire procédurale, c’est notre mémoire de l’action.

Alors, auriez-vous un exemple concret ?

Le meilleur exemple qui illustre cette mémoire de l’action, c’est le vélo. Ce qui est formidable avec le vélo c’est qu’une fois que vous avez appris à faire du vélo, vous n’avez plus besoin de réapprendre. Cela peut faire plusieurs années que vous n’êtes pas remonté sur un vélo et pourtant le jour où vous devez en refaire, il n’y a aucun problème. C’est formidable parce que c’est inscrit dans votre mémoire de façon indélébile.
En revanche, l’inconvénient, c’est que vous êtes incapable concrètement, par les mots, d’expliquer à un enfant par exemple, comment faire du vélo. Vous allez pouvoir lui donner des tuyaux, lui tenir la selle… mais concrètement pour apprendre à faire du vélo, il va devoir passer par l’expérience personnelle. Et bien ici c’est pareil, tous ces moments où vous ne comptez pas votre temps, vous faites une série d’automatismes qui sont enregistrés dans cette mémoire.

Et c’est quoi ces automatismes ?

Et bien c’est votre excellence, votre plus beau talent. Vous le faites bien, facilement et le comble, vous le faites dans le plaisir. Vous le faites si bien que les autres le comprennent et sollicitent souvent votre aide sur ce sujet. Ils en ont une meilleure conscience que vous.

Alors j’invite chacun à se poser ces questions. Est-ce qu’il y a des moments où j’arrive à me relier à ce plaisir dans mon travail ? Est-ce j’ai beaucoup de moments où je ne compte pas mon temps au travail ? La clé elle est là.
Nous sommes dans une société où parfois nous avons été orienté vers un métier pour répondre à des considérations financières, matérielles, familiales et pas pour répondre à nos aspirations profondes.

Penser et identifier ce qui vous procure du plaisir dans l’action, c’est la promesse de ne plus jamais travailler de sa vie puisqu’on oriente notre quotidien sur ce que l’on fait parfaitement et sans compter son temps. Formidable non ?

Ok mais si chacun fait ce qu’il veut et ce qui lui plait, l’entreprise là-dedans ? Elle n’y trouve pas son compte.

Et bien si justement. Je précise que la vague dite de « la grande démission » qui avait touché les États-Unis avec plus de 4,3 millions de départs volontaires pour le seul mois d’août est arrivée en France. La crise sanitaire a aussi offert la formidable opportunité pour certains de s’interroger sur le sens qu’ils souhaitent donner à leur vie professionnelle. Aussi, soit l’entreprise prend conscience de cet état de fait soit elle accentuera ses difficultés.

Il est fini ce temps où l’on disait « personne n’est irremplaçable ». Les difficultés de recrutement le prouvent. Chacun a sa singularité et son talent et peut trouver sa bonne place.

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